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Kipling

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Message  Bouchaux Alain Mar 31 Aoû 2010 - 10:12

Puisque certains sur Face Book semblent s'intéresser à R. Kipling . Voici un poème assez connu : Ce vieux Kipling appartenait à la FM, dans sa version anglo -saxonne dans laquelle tous doivent croire en un Dieu révélé. Il emploie le terme de diacre, inusité dans la FM française. Chacun son truc... A noter, la revendication de tolérance pour les idées des autres. La tolérance (il y a des maisons pour çà ! disait une vieille culotte de peau) reste certainement une des valeurs les plus intéressantes, parmi celles véhiculées par l'idéal maçonnique.jocolor

LA LOGE MÈRE
de Rudyard Kipling

Il y avait Rundle, le chef de station, 
Beazeley, des voies et travaux, 
Ackman, de l’intendance, 
Dankin, de la prison, 
Et Blake, le sergent instructeur, 
Qui fut deux fois notre Vénérable, 
Et aussi le vieux Franjee Eduljee 
Qui tenait le magasin "Aux denrées Européennes". 


Dehors, on se disait : "Sergent, Monsieur, Salut, Salam". 
Dedans c’était : "Mon frère", et c’était très bien ainsi. 
Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l’équerre. 
Moi, j’étais second diacre dans ma Loge-mère, là-bas !


Il y avait encore Bola Nath, le comptable, 
Saül, le juif d’Aden, 
Din Mohamed, du bureau du cadastre, 
Le sieur Chucherbutty, 
Amir Singh le Sikh, 
Et Castro, des ateliers de réparation, 
Le Catholique romain.

Nos décors n’étaient pas riches, 
Notre Temple était vieux et dénudé, 
Mais nous connaissions les anciens Landmarks 
Et les observions scrupuleusement. 
Quand je jette un regard en arrière, 
Cette pensée, souvent me vient à l’esprit : 
"Au fond il n y a pas d’incrédules 
Si ce n’est peut-être nous-mêmes ! 

Car, tous les mois, après la tenue, 
Nous nous réunissions pour fumer. 
Nous n’osions pas faire de banquets 
De peur d’enfreindre la règle de caste de certains frères. 
Et nous causions à cœur ouvert de religion et d’autres choses, 
Chacun de nous se rapportant 
Au Dieu qu’il connaissait le mieux. 
L’un après l’autre, les frères prenaient la parole 
Et aucun ne s’agitait. 
L’on se séparait à l’aurore, quand s’éveillaient les perroquets 
Et le maudit oiseau porte-fièvre ; 

Comme après tant de paroles 
Nous nous en revenions à cheval, 
Mahomet, Dieu et Shiva 
Jouaient étrangement à cache-cache dans nos têtes.

Bien souvent depuis lors, 
Mes pas errant au service du Gouvernement, 
Ont porté le salut fraternel 
De l’orient à l’Occident, 
Comme cela nous est recommandé, 
De Kohel à Singapour 
Mais combien je voudrais les revoir tous 
Ceux de la Loge-Mère, là-bas !


Comme je voudrais les revoir, 
Mes frères noirs et bruns, 
Et sentir le parfum des cigares indigènes 
Pendant que circule l’allumeur, 
Et que le vieux limonadier 
Ronfle sur le plancher de l’office. 
Et me retrouver parfait Maçon 
Une fois encore dans ma Loge d’autrefois. 


Dehors, on se disait : "Sergent, Monsieur, Salut, Salam". 
Dedans c’était : " Mon frère ", et c’était très bien ainsi. 
Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l’équerre. 
Moi, j’étais second diacre dans ma Loge-mère, là-bas ! 

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Message  moi Mar 31 Aoû 2010 - 16:16


pour continuer dans le même registre le testament de l'initié du Frére R.Kipling :à lire, à relire, à mediter.


Je ne suis qu’un homme parmi les hommes,
Mais j’ai répondu sous le bandeau et j’ai gravi les trois marches.
J’ai vu l’étoile flamboyante, j’ai fait le signe.
Je suis un maillon de la Chaîne ! La Chaîne est longue.

Elle remonte jusqu’au siècle d’Hiram, et peut-être plus loin encore.
On trouve notre signe sur les pierres dans les déserts de sable sous le ciel pur de l’Orient, dans ces plaines où s’élevaient les temples colossaux, poèmes purs de la puissance et de la gloire.

On trouve notre signe sur les papyrus que l’âge a teinté d’ocre, sur les feuilles où le calame a tracé les phrases les plus belles qu’un être ait pu lire.
On trouve notre signe sur les hautes cathédrales aux sommets sublimes aérés par les vents des siècles.
On trouve notre signe jusque sur les conquêtes de l’esprit qui font l’humanité meilleure, sur la partition de Mozart, sur la page de Goethe, le livre de Condorcet, les notes d’Arago.

Et pourtant, je ne suis qu’un homme parmi les hommes, un homme sans orgueil, heureux de servir à sa place, à son rang, je ne suis qu’un maillon de la Chaîne, mais je me relie à l’Univers dans l’espace et dans le temps.

Je ne vis qu’un instant, mais je rejoins l’Eternel.
Ma foi ne saurait faire couler le sang, je ne hais point, je ne sais point haïr.
Je pardonne au méchant parce qu’il est aveugle, parce qu’il porte encore le bandeau, mais je veux l’empêcher de mal faire, de détruire et de salir.

A ma place, debout et à l’ordre, j’ai travaillé de mon mieux.
Dans toutes les heures de la vie, mon coeur est demeuré fidèle.
Je me suis dépouillé des métaux, j’ai combattu jusqu’à la limite de mes forces le fanatisme et la misère, la sottise et le mensonge.

Je ne crains rien, pas même ce sommeil que l’on appelle la mort.
J’espère supporter la souffrance avec l’aide des miens, je saurai subir ce qui doit être subit parce que c’est la loi commune.

J’aurais dégrossi la pierre, accompli ma tâche en bon ouvrier par l’équerre et le compas


Quand je partirai, formez la Chaîne.
Rien ne sera perdu de ce qui fut donné. Je resterai toujours parmi vous car je vous laisserai le meilleur de moi-même, oh fils de la Lumière, mes Frères.

moi

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