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La Légende du grand judo 1943

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La Légende du grand judo 1943 Empty La Légende du grand judo 1943

Message  Alain Floutard Sam 25 Juil 2009 - 22:31

La Légende du grand judo (Sugata Sanshiro) est un film japonais réalisé par Akira Kurosawa, sorti en 1943.

Synopsis : En 1883, Sanshiro Sugata débarque dans un port japonais pour apprendre le jiu-jitsu auprès du maître Momma. Mais c'est finalement le judo, par l'intermédiaire d'un autre grand maître, qu'il choisira. Entre les deux écoles, l'affrontement sera sévère.

Les amateurs de technique seront déçus, il faut d'avantage porter attention sur l'esthétique dramatique de ce film que sur l'aspect purement judo.

Présentation Allo ciné :

En 1883 à Tokyo (soit après 15 années d'ouverture au monde dans l'ère Meiji), un jeune disciple souhaite s'initier à l'art ancestral du jiu-jitsu. Les membres de sa nouvelle école décident de donner une leçon de combat au créateur d'un nouvel art martial, très mal perçu : le judo. Dans une scène de combat à tendance impressionniste (sur un quai très mal éclairé, on aperçoit juste des silhouettes en train de combattre), le maître de judo, Shogoro Yano, donne une leçon aux représentants de la vieille école.

La décision de Sugata Sanshiro est alors prise : il choisit de rejoindre le camp de la nouvelle école (dans une scène magnifique où on le voit jetant ses sandales, qui sont emportées doucement par la pluie).
L'élève va rapidement se montrer très doué, et va même dépasser son maître. Il a pourtant un gros défaut, qui peut l'empêcher de devenir le meilleur : il est impulsif et irréfléchi, ce qui va jusqu'à provoquer la désolation de son maître. Dans une scène magnifique, Sugata Sanshiro, pour lui prouver son affectation va se jeter dans la mare proche de la maison de ce dernier, et rester toute la nuit accroché à un tronc d'arbre.

Ce rite initiatique va le rendre plus fort et surtout beaucoup plus posé : lorsqu'il sort de l'eau, c'est un autre homme, prêt à affronter ses adversaires : les tenants de l'école du jiu-jitsu, qui veulent leur revanche.
Cependant, un élément nouveau entre dans la vie de Sugata : il tombe amoureux de la fille de son prochain adversaire : Murai. Après avoir défait ce dernier, il croit être arrivé au bout de ses peines, d'autant plus que son vaincu le prend en affection et accepte de lui donner la main de sa fille.
Tout irait bien si le meilleur disciple de Murai, Higaki, exigeait une revanche, un duel à mort. Cette dernière scène de combat est sûrement l'une des plus belles que Kurosawa ait jamais tourné : dans les hautes herbes de la campagne nippone, dans une atmosphère apocalyptique (le vent est déchaîné), on assiste à un corps à corps somptueux.

Même si le film n'est pas égal dans toute sa longueur, et que quelques scènes manquent un peu de profondeur, on y retrouve des éléments qui feront la force de Kurosawa : une technique picturale parfaitement au point, une maîtrise parfaite du montage, une très bonne direction d'acteurs, des éléments oniriques (la fleur de lotus que Sugata regarde dans la mare, le dernier combat…). Certaines scènes sont des purs moments de plaisir cinématographique : le combat du début, la nuit dans la mare, le combat final...

Le maître Yasujiro Ozu ne s'y est pas trompé : devant la commission de censure, il déclare : « Si 100 est la note maximale, Sugata Sanshiro mérite 120 ! Félicitations, Kurosawa ! »

Le film se taille un immense succès au Japon, malgré les coupures de la censure (les militaristes attendaient d'un tel sujet un traitement plus viril et exaltant, alors que Sugata semble complètement vidé après une victoire, désireux de s'excuser). La carrière de « l'empereur » est alors lancée et n'est pas prête de s'arrêter !


Scène du tournoi :
https://www.youtube.com/watch?v=ioCUjYByvZc

Scène de la sanction de Sugata :
https://www.youtube.com/watch?v=PygWEClAB1E

Scène du combat final :
https://www.youtube.com/watch?v=Vq7efrLBPR8

En 1945, Kurosawa tourne une suite à ce film intitulée en français : "La nouvelle légende du grand judo" dont voici une critique parue dans le journal "Le Monde".

Adapté du même roman de Tsuneo Tomita que La Légende du grand judo, cette suite se déroule toujours pendant l'ère Meiji, sur fond de rivalité entre deux arts martiaux. Le redouté Sugata Sanshiro, dont La Légende... retraçait l'apprentissage, doit défendre son art contre deux personnages, adeptes du karaté, nouvelle discipline de combat. Ce sont les frères de l'homme dont eut raison Sanshiro à la fin du premier volet. En surface du moins, ce film n'en véhicule pas moins un message différent de celui du précédent, où le judo était présenté comme une discipline progressiste, fondée sur l'équilibre et le respect de l'adversaire, qui contestait au jiu-jitsu sa violence et ses valeurs réactionnaires. Ici, les tenants de l'école du judo dénient au karaté le statut d'art martial, et l'enjeu, pour eux, est pour le moins conservateur et nationaliste : il consiste dans la préservation des arts martiaux japonais. La boxe, discipline importée des Etats-Unis, est considérée comme un sport de combat dégénéré, les Américains présentés comme des brutes racistes.

Reste que derrière ce discours, qui surprend chez ce cinéaste humaniste, le judo apparaît toujours comme l'option de la force maîtrisée contre la violence, de l'humanité contre la barbarie, du respect d'autrui contre l'esprit de vengeance. Et que ce film, certes mis en scène avec moins de rigueur que le premier, mérite d'être découvert. Pour son final, avant tout, longue et splendide scène de combat dans la neige entre Sugata Sanshiro et son adversaire. Mais aussi pour la drôlerie avec laquelle sont représentés les Américains, et pour l'incongruité des combats "boxe contre arts martiaux" organisés par le consul américain.


Bande annonce :
http://www.commeaucinema.com/bandes-annonces/la-nouvelle-legende-du-grand-judo,50270
Alain Floutard
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